10 September 2007

Engageophobe

Passions consommées, passions consumées.
Aucun Grand Amour n'atteint la perfection dont il a besoin et à laquelle il aspire.
De ce fait, il est plus facile d'aimer dans le territoire du désir que dans celui de la réalité.
Et de ce fait, il est plus facile d'aimer une construction virtuelle qu'un homme fait de chair et de sang, pour ne pas parler de l'inévitable marge d'erreur qui existe entre le moi le plus profond d'un homme physique, et la perception qu'une femme peut avoir de lui, si intimes que soient leur relations. La construction virtuelle, elle, s'ajuste à ce qu'on attend d'elle.
Certains affirment que la phobie de l'engagement affecte celles d'entre nous qui ont été blessées émotionnellement avant l'heure: le traumatisme est si grand qu'il nous interdit de recommencer à nous abandonner, car lorsque nous nous retrouvons à nouveau dans la position d'aimer, position qui contient aussi la possibilité d'être à nouveau trahie et abndonnée, tous nos mécanismes de défense s'activent.
Finalement, la vie de l'engageophobe n'est pas difficile et ne requiert aucune période d'adaptation spéciale.
Les partenaires se suivent, en de raisonnables et successives monogamies.
Il arrive un moment où l'engageophobe affirme qu'elle commence à s'ennuyer, que son amant ne la comprend pas ou que ce qu'elle est en train de vivre, en dépit d'être un sentiment tendre et agréable, ne ressemble ni de près, ni de loin à cet Amour véritable auquel elle apire vraiment.
Paradoxalement, cette obession moderne pour le grand amour, l'unique, l'irremplaçable, sert d'excuse parfaite pour repousser l'amour quand il se présente.
Ainsi, l'engageophobe se sent moralement épaulée par la société dans laquelle elle vit.
Ce n'est pas qu'elle repousse l'amour se dit-elle, c'est que l'amour n'est pas encore arrivé.
Extrait
"Aime-moi, por favor!", Lucia Etxebarria.

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