13 September 2008

Sara Tavares




Sara Tavares est une Portugaise cap-verdienne qui ne joue pas forcément la musique de son archipel. Guitare épurée, musique sophistiquée de basse, piano, accordéon, congas et voix veloutée font d'abord penser aux mélodies capiteuses du Brésil. Une Afrique douce et gaie fait alors son entrée dans des compositions étonnantes de maturité. Sara n'a que 27 ans. Elle chante, écrit, compose et arrange toutes ses chansons. Une douzaine de titres dont les émouvants Amor é ou Guisa, enchevêtrement de guitare et de voix admirable. Sara chante une musique d'équilibriste, une suite de petits vertiges sur le fil de ses accords soyeux. Il y a parfois de la coladeira, du funana, les cadences collé-serré du Cap-Vert, notamment sur le morceau On Love , ou encore sur Planeta sukri (planète sucrée), chanson mâtinée de reggae. Elle y donne la réplique à la voix voilée de Boy Gé Mendes, célébrité de la musique cap-verdienne installée en France depuis des lustres. Sara Tavares, c'est le métissage absolu, non seulement par ses racines mais aussi par sa situation générationnelle, cet entre-deux des Africains du Portugal et finalement de nulle part qui ont créé leur propre culture et parlent dans «des argots portugais, angolais, avec quelques mots de créole cap-verdien et bien sûr un peu d'anglais», dit-elle. Cela donne Bom Feeling (se sentir bien), une chanson tendre qui cache une vieille douleur : Sara a été abandonnée enfant. Sa musique s'est transformée en joli exorcisme.

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